Les sommets de plus de 3000 mètres dans les Pyrénées

Je n'accorde le nom de pics qu'aux cimes indépendantes de leurs voisines, bien définies, et nettement séparées de celles qui les entourent ou les dominent. Sans doute, si l'on décore du nom de « pics » les excroissances, les mamelons innombrables qui se boursouflent sur de longues crêtes, ou sur les flancs d'une « montagne mère », on n'en verrait jamais la fin. Ce ne sont que des bosses, des éperons, des épaules, faisant intégralement partie d'un massif plus élevé, avec lequel on les confond à une certaine distance. H. Russell, Annuaire du Club Alpin, 1880.

Cette liste est obtenue en appliquant le principal critère « alpin » pour distinguer sommets principaux et sommets secondaires : un sommet est considéré comme principal si les lignes de crête qui le relient à d'autres sommets principaux d'altitude supérieure descendent d'au moins 30 mètres. En d'autres termes, deux sommets principaux doivent être séparés par un col ou une brèche que le sommet inférieur domine d'au moins 30 mètres. Le bulletin 145 de l'UIAA (mars 1994) détaille les critères (introuvable sur le site de l'UIAA mais décrit sur Camptocamp). Par curiosité, les sommets ayant une proéminence de 100m sont aussi indiqués (critère utilisé par peaklist.org pour les 4000 alpins).

Appliqué à la liste des 3000 de l'ouvrage de J.Buyse, ce critère déclasse une trentaine de sommets et en surclasse deux. Globalement, les résultats sont très corrects et conformes à mes observations de terrain.

Les deux sommets surclassés sont la punta Gabarró (à l'est de la pique d'Estats) et le cap oriental du Seil de la Baque (entre le pic du Seil de la Baque et le port d'Oô) : la punta Gabarró est réellement un sommet principal qui se détache bien de la Pique d'Estats (contrairement au Pic Verdaguer, déclassé, qui n'est qu'une simple antécime) ; la crête du Seil de la Baque est une longue crête oscillant autour de 3100 sans coupure franche, mais le cap et le pic du Seil de la Baque sont bien séparés, vus depuis le lac du Portillon, et quand on les parcourt, il faut clairement descendre entre les deux.

Certains déclassements ne posent pas de problème et sont même bienvenus (pics ayant le statut de principaux, alors qu'ils n'en méritent pas tant : pic Verdaguer, pic du Port de la Pez, pic oriental de Clarabide, deux des trois pics d'Enfer, etc). Les problèmes restants (certains 4000 des Alpes sont « sauvés » par des critères morphologiques ou alpinistiques, qui pourraient s'appliquer) :

• impossibilité de choisir entre pico Maldito et punta de Astorg, tous les deux à 3354m. À ma visite, il m'a semblé que la punta de Astorg est à peine plus haute mais les deux sommets méritent leur place ;
• déclassements malvenus : deux des trois pics de la Cascade (il aurait mieux valu aucun ou les trois) ; un des trois pics occidentaux de la Maladeta (idem).

Note sur les altitudes : les cartes ne sont pas toujours concordantes ni assez précises pour déterminer le point bas entre deux sommets proches. Une grande partie des cotes utilisées provient des ouvrages d'Angulo (généralement fiables), mais il ne faut pas exclure la présence de brèches profondes non cotées et non identifiables sur les cartes.

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